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La source d’informations quotidiennes sur l’énergie et le climat en France.
Par ARTHUR NAZARET
Avec AUDE LE GENTIL et NICOLAS CAMUT
Infos et tuyaux à partager ? Ecrivez à Nicolas Camut, Aude Le Gentil et Arthur Nazaret | Voir dans le navigateur
— Sale temps pour la proposition de loi sur l’électrification des flottes
— Le secteur hydrolien craint que l’Etat ne le laisse tomber à l’eau
— Gabriel Attal veut s’emparer de l’adaptation au changement climatique
Bonjour à toutes et à tous, vos serviteurs étaient hier soir bien entourés pour fêter le lancement de votre infolettre fétiche. Et discuter de flux, de stock, de rénovation énergétique et de facteur de charge autour d’une coupe de champagne.
Spotted hier soir… Jordan Esnault et Aminata Diakité, conseillers de Christophe Béchu… Olivia Fritzinger, directrice de la com et des relations institutionnelles de la Commission de régulation de l’énergie… Des délégations de l’Union française de l’électricité et de France Hydrogène… Jean André Barbosa du groupe Renault… Camille Defard, à la tête du Centre energie de l’Institut Jacques Delors… Ania Ould Lamara Kaci, récemment promue directrice associée d’Havas Paris… et de nombreux autres !
Pierre Cazeneuve, député Renaissance, listé parmi les 31 qui comptent, a répondu à quelques questions sur la programmation de la transition écologique, devant une cinquantaine de paires d’yeux attentifs. Il a parié que l’écologie serait un axe majeur de la très attendue “V2” du discours de La Sorbonne, que le président Emmanuel Macron doit prononcer ce matin. Réponse sur les coups de 11 heures. En attendant, continuez à nous lire !
UNE PROPOSITION PREND LA FLOTTE. La proposition de loi de Damien Adam (Renaissance) pour l’électrification des flottes de voitures professionnelles a pris du plomb dans la portière. Le texte, qui sème la discorde au sein de la majorité, doit être examiné mardi prochain, en fin d’après-midi à l’Assemblée. Mais il ne sera probablement pas voté.
“La probabilité est proche de zéro”, glisse un député de la majorité à mon collègue Nicolas Camut. Pour moi, le calendrier n’est pas tenable”. Si le texte n’est pas voté mardi prochain, il ne pourra être remis au calendrier du Palais-Bourbon avant le mois de septembre, autant dire une éternité.
Tempête d’amendements. A l’heure du bouclage de votre infolettre, 69 amendements avaient déjà été déposés, soit “quatre heures de débat”, calcule Olga Givernet, responsable du texte au sein du groupe Renaissance. Trop pour aller jusqu’au vote, puisque Bruno Millienne (Modem), fortement opposé au texte, a promis de déposer 150 amendements supplémentaires.
Moteur de la colère. Le texte prévoit de durcir les objectifs de renouvellement des flottes de loueurs et de grandes entreprises, en augmentant la proportion de véhicules électriques, et inclut des sanctions financières pouvant aller jusqu’à 1% de leur chiffre d’affaires en France.
Jeux d’influence. Soutenu par de nombreuses ONGs, la PPL serait, selon ses opposants, largement inspiré d’un rapport de Transport & environnement (T&E) paru l’an passé, aux conclusions similaires. “On ne tient pas la plume à l’Assemblée nationale”, dément Léo Larivière, responsable du plaidoyer de l’ONG, qui indique seulement “apporter des éclairages chiffrés”.
Double effet. Il prend néanmoins la défense de la PPL, qui vise un enjeu de “justice sociale” pour permettre de “passer à l’électrique” à moindre coût : les véhicules professionnels électriques seront revendus sur le marché des voitures d’occasion après quelques années.
La méthode fait des remous au sein de la majo. “Le rapport [de T&E] c’est un constat, moi j’aimerais connaître les causes” dénonce Bruno Millienne. Il s’inquiète que certaines entreprises n’arrivent pas à atteindre les objectifs pour de bonnes raisons, voire qu’on les encourage à se fournir en Chine. Il prévient : “Il y a bien la moitié des députés Renaissance qui mardi 30 avril iront pisser, parce qu’ils sont pas à l’aise [avec le texte].”
Sur la touche. Un “gros travail parlementaire en cours”, indique sobrement le cabinet du ministre délégué aux Transports, évoquant “plusieurs points à revoir”. Contacté, Damien Adam indique être en déplacement à l’étranger. Il sera de retour à Paris le jour prévu de l’examen de sa PPL.
Toute la journée, une délégation de sénateur de la commission d’enquête sur TotalEnergies se rend à Bruxelles pour plusieurs auditions.
Dès 9 heures 30, l’évenement FOWT, dédié aux éoliennes offshore flottantes, se poursuit à Marseille.
A 15 heures, RTE remet des prix aux “champions de la flexibilité électrique”, avec le concours Cube–Flex.
Assemblée et Sénat : vacances parlementaires, encore.
UN VAGUE AVENIR. Un flou plane au-dessus des hydroliennes. La filière espère être confortée noir sur blanc dans la prochaine programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), ce qui lui permettrait de consolider son avenir, notamment à travers des appels d’offres soutenus par l’Etat.
Le vent semble avoir tourné, puisque l’inscription dans la PPE un temps soutenu au plus haut, n’est plus si certaine. Un conseiller ministériel s’interroge sur la rentabilité des projets et leur capacité à produire des “volumes industriels”, ajoutant que “le fonctionnement d’une hydrolienne n’est pas simple”. “Je n’ai pas de signaux très encourageants”, confirme Jules Nyssen du Syndicat des énergies renouvelables.
Pour ceux qui avaient piscine, les hydroliennes, ce sont ces turbines immergées fonctionnant grâce aux courants marins. Deux sites sont reconnus en France comme ayant un fort potentiel : l’un est situé dans le Raz Blanchard, en Normandie, l’autre dans le Fromveur à proximité de l’Ile d’Ouessant.
Le courant est passé. Le Président lui-même a soutenu les projets hydroliens, annonçant en novembre 2023 des appels d’offres lors des Assises de la mer. Ce que confirme le projet de stratégie française énergie climat, paru dans les mêmes eaux, “sous réserve de l’évolution des coûts de la technologie”.
Ceinture et bretelles. La loi de programmation énergie climat (désormais abandonnée) aurait été le lieu idéal pour confirmer l’avenir de la filière. D’une part par la force de la loi, et d’autre part par la possibilité de s’y introduire par amendement.
Preuve en est, l’amendement adopté lors de l’examen en commission de la proposition de loi sur la programmation de l’énergie — PPL qui est finalement tombée à l’eau. Porté par la députée de la Manche Anna Pic (PS), il fixait un objectif d’un gigawatt d’ici à 2030, et cinq gigawatts d’ici à 2040 et a reçu le soutien de plusieurs groupes.
GABRIEL S’ATTELE. Le Premier ministre souhaite s’impliquer dans la présentation du prochain Plan national d’adaptation au changement climatique (Pnacc), a appris votre infolettre auprès de plusieurs sources au sein de l’exécutif. Conséquence : un peu de retard et de flou. Promis “en avril” par le cabinet de Christophe Béchu, le troisième Pnacc sera finalement dévoilé “plutôt courant mai”, nous indique un conseiller ministériel.
Attal décale. Alors que le Premier ministre n’a guère parlé d’écologie depuis sa nomination en janvier, cela lui permettrait d’évoquer plus largement le sujet, selon le même conseiller, même si quelques détails restent à “caler”. Le PM et Christophe Béchu se sont d’ailleurs vus hier à ce sujet.
L’adaptation a l’avantage de mieux coller à “l’écologie à la française”, promue par le gouvernement — “au plus près du terrain, et concrète dans le quotidien des Français” — que l’atténuation, souvent vue comme une contrainte supplémentaire.
“Les conséquences du changement climatique sont concrètes pour les gens, estime un autre conseiller du Premier ministre. Ils les voient, ils les vivent. Le défi est de rendre la prévention tout aussi concrète au quotidien.”
ALERTE ROUGE. En parlant d’adaptation, la Croix-Rouge conclut dans un rapport dévoilé ce matin que les Français ne sont pas “prêts à l’inévitable”. Elle constate l’impréparation du pays, et des Français en cas d’événements climatiques extrêmes.
Impréparation individuelle : seuls 40% des Français sont formés aux premiers secours, un taux parmi les plus bas d’Europe, et 20% connaissent la signification des sirènes d’alerte.
Impréparation collective : seule la moitié des communes devant établir un plan communal de sauvegarde a rempli cette obligation. Les crédits alloués aux associations de sécurité civile ont perdu 10% entre 2022 et 2023 alors que, en parallèle, la durée d’intervention des bénévoles de la Croix-Rouge a doublé en dix ans.
Plusieurs recommandations sont déjà suivies dans le Plan national d’adaptation au changement climatique, assure le cabinet du ministre. A savoir : la sensibilisation aux gestes qui sauvent et le renforcement des mesures pour les personnes isolées et/ou vulnérables.
D’autres sont jugées “intéressantes” et pourront être retravaillées pendant la phase de consultation. “On va essayer d’articuler le service civique écologique avec la proposition de créer un corps de volontaires en cas de crise”, poursuit un conseiller.
SOYONS ZAN. “Les nouvelles usines et l’extension d’usines bénéficieront automatiquement du quota national ZAN”, a déclaré Bruno Le Maire hier, lors de la présentation du plan d’action sur la simplification. Le dossier de presse renchérit : “Aucun projet industriel ne sera bloqué par la mise en œuvre [de l’objectif de zéro artificialisation nette]. Ils bénéficieront du quota national prévu par la loi du 20 juillet 2023.”
“Rien ne change”, rassure le cabinet de Christophe Béchu. Les grands projets industriels seront décomptés des “droits à bétonner” locaux pour être englobés dans un forfait national de 12 500 hectares. “100% des projets industriels qui nous ont été présentés ont été retenus dans le forfait”, assurait déjà Christophe Béchu il y a deux semaines dans Les Echos, se disant prêt à réévaluer le forfait à la hausse.
— Les foyers allemands et français sont parmi ceux qui payent leur électricité le plus cher au sein des pays du G20 apprend-on dans un article des Echos.
— L’ancien skipper et député du Morbihan Jimmy Pahun se positionne sur l’éolien offshore, dans une tribune pour Le Télégramme, alors que le débat public sur les façades maritimes s’arrête demain.
Un grand merci à notre éditeur Alexandre Léchenet.